L’inspiration vient en nageant. Ce post est inspiré de ma séance de natation un dimanche matin dans une piscine parisienne.
Chacun doit connaitre la nage des dauphins, rapide, agile, bondissante, éclairs marins. Vous imaginez sans doute celle d’un cachalot, lente, majestueuse, profonde. Quand les deux espèces se retrouvent le dimanche matin dans un bassin de 50 mètres, les comportements des animaux sont intéressants à observer.
Le dauphin arrive en avance ; il piétine devant l’entrée de la piscine et s’agace de la nonchalance du gardien qui tarde à ouvrir. Il sera le premier dans l’eau, il a déjà enfilé son maillot, quitte à écorner quelques règles… ne pas passer sous la douche. Son objectif : déployer sa technique, profiter de l’espace, aller le plus vite possible, et pourquoi pas, se faire remarquer ? Le cachalot arrive un peu plus tard, ayant pris le temps de préparer méthodiquement son corps et son équipement. Il s’inscrit dans la durée, est conscient de la distance à parcourir, et ajuste ses efforts.
Alors que le dauphin a déjà enfilé quelques longueurs, il voit d’un mauvais œil arriver les cachalots qui équipés de tout leur attirail, semblent vouloir rivaliser de vitesse. Mais les palmes, les gants et les tubas n’y font rien, l’avantage naturel prend le dessus. Le cachalot est vite agacé de ces blancs becs plus rapides et joue l’obstruction. Il prend son temps, se prélasse, déploie toute son envergure pour empêcher le dauphin de passer. Face à cette adversité, les dauphins se séparent en deux groupes : ceux qui s’acharnent, multiplient les battements, nagent hors des clous, quitte à donner quelques coups ; et ceux qui évitent et changent de ligne pour se fondre dans la masse des cachalots : ils passent du crawl à la brasse, ralentissent, et souvent se lassent vite.
La vie en entreprise c’est l’ensemble des espèces marines regroupées dans un aquarium, voire parfois dans un bocal. L’enjeu du manager est de faire nager tout le monde dans le même sens, et de faire cohabiter dans la même ligne les dauphins et les cachalots, voire plus : créer la symbiose.
Nager dans le même sens semble une évidence : développer une vision d’entreprise – pourquoi sommes-nous ici ? quel est notre rôle ? quelle est notre mission ? quelle est notre raison d’être ? quel avantage différenciant va nous permettre de nous inscrire dans la durée ? Même si cela parait être du niveau « management 101 », faites le test autour de vous : combien de vos collaborateurs sont capables de répondre à ces questions ? combien se lèvent le matin parce qu’ils partagent cette vision – au-delà de l’aspect alimentaire et social du travail ? Bâtir une vision partagée me semble être le premier impératif du manager, dont chacun est capable et habilité à le faire à son niveau. Parfois le manque d’une vision globale d’entreprise parait être un obstacle. Mais rien n’empêche de construire une vision à chaque niveau de l’organisation : une équipe, un service, un département, une division.
Créer la symbiose (une association intime et durable entre deux organismes hétérospécifiques (appartenant à des espèces différentes), et parfois plus de deux – cf wikipédia) entre les dauphins et les cachalots est un autre challenge, mais grandement facilité quand la vision est établie et partagée. La vision se décline en stratégie qui va s’appuyer sur les qualités ou compétences intrinsèques de chaque espèce d’une part et leurs interactions d’autre part : la collaboration et les synergies qui en découlent. D’où l’importance d’articuler la stratégie en objectifs mais aussi en organisation et gouvernance qui vont maximiser la symbiose.
Cachalot ou dauphin, tous à l’eau !