Interview #3: Le point de vue de Thomas Ollivier chez MAIF

thomas ollivier

Thomas Ollivier est Responsable économie collaborative et pratiques émergentes à la MAIF

Si vous deviez définir l’économie du partage:

Pour la MAIF, ce sont les écosystèmes qui mettent en relation ceux qui possèdent et ceux qui ont besoin, qui proposent un fonctionnement en réseau, de pair à pair, et favorisent si possible un partage équitable de la valeur. Cette notion peut s’étendre à différents domaines: le partage de biens et de services, le partage de savoirs et connaissances, le partage des moyens de production, de financement.

Comment analysez-vous le développement de l’économie du partage? épiphénomène ou lame de fond?

L’économie du partage est une lame de fond qui n’aura pas de retour en arrière. Si l’on prend l’exemple de BlaBlaCar, ils ont évangélisé le covoiturage. Grâce à eux, et au-delà d’eux, le phénomène est créé et installé dans les usages. Plus personne ne pourra effacer ça. De façon générale, le sujet n’est pas de savoir si l’économie collaborative remplacera l’économie classique d’aujourd’hui, mais plutôt de savoir comment elle va venir pouvoir la compléter et proposer des alternatives, au bénéfice des consommateurs souhaitant reprendre un peu de pouvoir dans leurs habitudes de consommation et leurs usages. Nous sommes au tout début de ce phénomène avec la mise en place de nouveaux paradigmes. Il y aura des ruptures, des échecs forcément, mais aussi de la création de valeur.

A 3-5 ans, qui seront les modèles gagnants d’après vous?

De nombreux modèles gagnants se revendiquent du collaboratif, mais certains d’entre eux ont en fait émergé principalement grâce au digital / mobile. D’autres modèles sont plus proches d’une l’économie sociale et solidaire avec une répartition équitable de la valeur, une grande agilité, un pouvoir de décision interne diffus dans l’entreprise ou encore un respect fort de l’ensemble des parties prenantes (salariés, membres, partenaires, etc….). Pour la MAIF, les modèles qui nous intéressent particulièrement sont ceux qui auront établi la confiance comme pivot de leur création de valeur: confiance entre les membres, confiance entre la plateforme et la communauté. Cette valeur, fondatrice de la MAIF,  crée une très forte affection à la marque qui génère l’engagement sur la durée. La MAIF l’éprouve en continu depuis sa création en 1934. Nos 11 prix consécutifs comme n°1 de la relation client illustrent la force de cette valeur.

Quel rôle voyez-vous jouer par les assureurs dans cette économie?

L’assurance a un rôle certain à jouer.  Les early adopters ont adhéré à ces usages sans se poser trop de questions, mais le reste de la population a besoin de réassurance pour s’engager et c’est ce qui peut être apporté par les assureurs. Ce qui est paradoxal est que l’assurance devient vitale pour le développement de ces plateformes, alors que, compte tenu du volume total de primes potentielles, ces marchés ne sont pas encore tout à fait des relais de croissance pour les assureurs.

Quelle est l’ambition de la MAIF dans ce domaine? Que pouvez-vous proposer aux entreprises de ce secteur?

L’économie du partage est en cohérence avec l’histoire de la MAIF. La MAIF est une start up créée en 1934 par des profs qui voulaient partager des risques, et qui ont donc créé un modèle disruptif pour l’époque en se basant sur la force du collectif et la confiance entre les assurés. Ces idées – force du collectif, entraide, partage – ne sont pas récentes, mais le mouvement s’étend aujourd’hui à autant de sujets du fait de l’apogée du digital. La MAIF a bien sûr un rôle à y jouer car l’économie du partage est proche de notre économie sociale et solidaire. Nous nous positionnons comme un parrain, un partenaire de ces acteurs – Avec OuiShare, nous engageons des moyens internes et externes pour contribuer à plusieurs initiatives avec ces entreprises. Par ailleurs, nous réfléchissons, dossier par dossier, à des logiques de prise de participations financières dans certaines start-ups et évidemment nous les assurons. Aujourd’hui, nous sommes le partenaire assureur de Koolicar, Travelcar, Carnomise, GuestToGuest, Airvy,…

Nos partenariats peuvent prendre des formes diverses: certaines start-ups cherchent simplement un produit d’assurance, pour d’autres nous avons fourni une caution de marque. C’est ce que nous avons fait aux débuts de BlaBlaCar, où notre marque a permis à la plateforme de rassurer ses premiers membres, notamment sur le fait que le covoiturage est couvert par l’assurance du véhicule. Nous faisons également des partenariats de communication par lesquels nous contribuons à créer du flux vers nos partenaires.

Quelles seraient vos recommandations pour réussir ces partenariats?

Nous réussissons nos partenariats car nous sommes convaincus que pour bien travailler avec des start-ups, il faut les comprendre. Nous ne fournissons pas des produits tout prêts sur l’étagère mais nous utilisons des méthodes de co-construction pour développer des solutions sur mesure. Nos partenaires nous le disent, ils sont à l’aise avec nous car nous les comprenons et établissons une relation de confiance. Nous ne sommes pas un fournisseur de produit, nous sommes un partenaire dans une relation win-win : nous contribuons à la réussite du modèle et nous nous inscrivons dans sa logique.

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